Les épidémies

CR de lecture Les épidémies par Jean-Pierre Dedet

Introduction : les microbes

Les microbes sont des êtres microscopiques unicellulaires, on en distingue trois sortes, les bactéries, les virus et les champignons.

Il existe plusieurs milliers de bactéries (environ 5 000 connus), certaines d’entre elles peuvent être pathogène (une centaine connue) et perturber les êtres vivants. Elles se reproduisent par division cellulaire. Elles touchent les plantes, les animaux et les hommes. Les microbes qui touchent exclusivement les hommes, comme ceux de la variole, du typhus ou de la rougeole, sont nommés anthroponoses, alors que ceux qui touchent seulement les animaux sont appelés zoonoses, certains de ces derniers peuvent être transmis à l’homme comme ceux de la peste, de la rage ou de la fièvre jaune. Les microbes ne sont pas tous conservés dans le vivant (plantes, animaux et humains), certains se conservent dans l’eau, comme celui du le choléra, ou la terre comme celui du charbon ou du tétanos. Pour lutter contre les bactéries, les nombreux antibiotiques dont nous disposons sont généralement efficaces.

Les virus sont beaucoup plus petits que les bactéries (la plupart seulement visible au microscope électronique) et sont énormément plus nombreux (environ 1032). Avec le virus on est à la limite du vivant et de l’inerte. Tout dépend de la définition que l’on donne au « vivant » : si celle-ci est « qu’est vivant un système qui se débrouille seul », le virus ne pouvant se reproduire seul il ne sera pas considéré comme vivant, sa survie dépend d’une autre cellule qu’il parasite et détourne à son profit. Cependant la recherche s’est intéressée aux virus pour eux-mêmes (et pas seulement pour les maladies qu’ils causent) et, en 2013, l’IMM (Institut de Microbiologie de la Méditerranée) a découvert des virus géants visibles au simple microscope : les « Pandora virus », très complexes car ils comportent des milliers de gènes. Leur étude a amené les chercheurs à dire que les virus ne sont pas vivants en permanence, mais qu’ils le deviennent quand ils se développent dans la cellule hôte, produisant une descendance. Ces virus peuvent rester en « arrêt » pendant plusieurs dizaines de milliers d’années et se réactiver (c’est à dire redevenir vivant, un peu comme la graine d’une plante) lorsqu’ils rencontrent des conditions favorables.

Les champignons sont des cellules peu mobiles sans noyau qui se reproduisent par colonisation du substrat sur lequel elles se trouvent. Il en existe plusieurs variétés, les plus connus étant les moisissures et les levures. Utilisés par l’industrie alimentaire et dans les biotechnologies, ils peuvent être à l’origine de mycoses ou de maladies broncho-pulmonaires.

Une histoire des épidémies

Ce n’est plus l’absence de maladie qu’il faut chercher à atteindre, mais un bien-être physique, psychique, social - et ajoutons environnemental. 

Cynthia Fleury, Le soin est un humanisme, Tracts Gallimard n°6, mai 2019.

Voici un compte rendu de lecture, en quelque sorte le résumé d’un ouvrage de près de 300 pages qui ne dispense pas de sa lecture pour celui qui veut avoir des informations, tant médicales, scientifiques et sociale qu’historiques. Il s’agit du livre de Jean-Pierre Dedet, Les épidémies. De la peste noire à la Covid-19, Éditions Dunod, 2010, puis 2021 pour une réédition augmentée.

Comme pour d’autres domaines, l’histoire des épidémies est pleine d’enseignement pour le futur. Les gouvernants qui décidèrent des mesures à prendre, mais aussi leurs conseillers, notamment médecins, auraient été bien inspirés de lire ou de relire les ouvrages consacrés à l’histoire de la médecine, comme celui de Roger Dachez, Histoire de la médecine. De l’Antiquité à nos jours, Éditions taillandier, 2008, réédité en 2012 ou celui de Jean-Pierre Dedet, dont le résumé suit.

Cet effort d’information, permet de comprendre l’importance d’un contrôle sanitaire drastique aux frontières avec l’exemple de la septième pandémie de choléra au cours de laquelle les régions l’ayant mis en place furent épargnées ; le rôle des transports en commun qui a été capital dans la diffusion des épidémies du passé, chose n’a certainement pas été suffisamment pris en compte contre le Covid. L’importance de la mise en place d’une quarantaine permettant l’isolement des malades dans l’attende de leur guérison… ou de leur mort, plutôt que de « confiner » des familles entières sans vérifier qui est malade ou pas. Les épidémies de choléra ont mis en évidence l’importance de l’hygiène personnel et familial, le ministère de l’éducation nationale aurait sans doute été bien inspiré d’insister beaucoup plus qu’il ne l’a fait sur cette nécessité auprès des élèves, au lieu de cela, le choix a été fait de réprimer les adultes plutôt que d’éduquer ; on sait bien que souvent les enfants deviennent éducateurs de parents.

 

1 - Les pestes pandémiques

La peste est une maladie des rongeurs qui se transmet à l’homme par les puces. Elle peut prendre trois formes différentes, la peste bubonique qui a pour signe l’inflammation des ganglions localisée en fonction des piqures de puces, la peste pulmonaire transmise d’homme à homme par la toux et les expectorations, et la forme septicémique qui entraine une mort rapide.

La première pandémie est dite peste de Justinien, elle a eu lieu au VIème siècle, elle aurait démarré en Éthiopie et serait parvenu en Égypte en 541 avant de se répandre dans l’Empire Romain d’Orient puis à tout le Bassin méditerranéen par le cabotage. Elle est parvenue au reste de l’Europe par les voies fluviales du Rhône et du Danube.

La deuxième pandémie est connue sous le nom de Grande Peste noire. Venu d’Asie Centrale en 1330, elle atteint le comptoir génois de Caffa au cours du siège des Tartares en 1348. Ces derniers atteints par la peste furent décimés alors que les Génois enfermés dans la cité étaient indemnes ; les Tartares catapultèrent des cadavres de pestiféré avant de lever le siège. Rentrés en Italie les Génois répandirent ainsi la peste à l’Afrique du nord et à toute l’Europe. On estime à plus de 30 millions les morts dans les États chrétiens. Cette peste est restée en Europe jusqu’au XVIIIème siècle, c’est elle que l’on retrouve à Marseille en 1720 ; après cette date on la voit à Moscou en 1771. Sa dernière apparition a été pour la Turquie en 1841.

La troisième pandémie est celle qui mérite le plus ce qualificatif car elle a touché tous les continents. Elle apparaît en Chine vers 1840 dans la province de Yunnan D’où elle va atteindre Hong Kong colonie britannique en 1842 puis, de là, s’embarquer pour le monde entier. Elle est en Inde en 1895, à Madagascar en 1898, aux Philippines, au Japon, à Hawaï et en Australie en 1899, la même année elle atteint l’Europe par le Portugal et l’Amérique du Nord et du Sud puis retourne en Afrique ; on la reverra encore en 1911 à java et en 1914 à Ceylan. En dehors du Portugal l’Europe sera moins touchée, à peine quelques centaines de mort à Paris et à Marseille entre 1918 et 1920.

Actuellement des vaccins ont fait chuter sa mortalité mais elle n’a pas disparu. La peste se maintient dans certaines régions du monde, d’Afrique subsaharienne, d’Asie et d’Amérique. De 1998 à 2003, 38 000 cas ont été dénombrés dans 25 pays pour 111 400 morts ; entre 2010 et 2015, ce sont 3 000 cas pour 600 morts.

2 - Le choléra, maladie exclusivement humaine

Contrairement à la peste, le choléra est une maladie seulement humaine. Cette maladie à son origine en Inde, plus précisément au Bengale (aujourd’hui Bengladesh) d’où elle est restée pendant des siècles. L’armée d’Alexandre le grand a été touchée lors de son expédition en Inde et ce dernier en est mort. Les premiers écrits européens qui font état de cette maladie date du XVIème siècle, ils rapportent l’épidémie survenue à Gao en 1543, 1563 et 1580. Ce n’est qu’au XIXème siècle que le choléra sort de l’Inde. Entre 1817 et 1992, il a donné lieu à pas moins de sept pandémies.

La première (1817-1824) sort du Bengale pour atteindre à l’ouest l’Europe et l’Afrique et à l’est la Chine, le Japon et les Philippines.

Avec la seconde pandémie (1826-1837) on passe aux choses sérieuses, comme la première, elle est partie du Bengale mais elle fait le tour du monde dans l’hémisphère nord du Japon au Mexique et de l’Afrique de l’est à l’Europe du nord. La France fut durement touchée (plus de 100 000 morts), devant l’absence de traitements efficaces, les vieilles recettes ressurgirent entre magie, processions, bénédictions des maisons et ex-voto.

La troisième pandémie (1841-1860) prend le même chemin que la précédente. En ce qui concerne la France, elle fut encore plus sévère que la précédente (150 000 morts) vraisemblablement à cause des progrès des moyens de transport. Elle est marquée par un progrès : la découverte du moyen de transmission par l’eau de boisson.

La quatrième (1863-1875) toujours partie du Bengale se répand à toute l’Inde en un an. Son arrivée en Europe est plus rapide et plus intense que les précédente à cause de la nouvelle voie navigable qu’est le canal de Suez. L’Afrique et l’Amériques furent également très touchées.

 La cinquième (1881-1896) suit la diffusion habituelle. Elle est marquée par un progrès capital, la découverte par Robert Koch du microbe responsable de la maladie, ce qui permis le diagnostic et la mise en place d’une quarantaine efficace. En occident, les progrès importants en matière d’hygiène sont capitaux : l’Angleterre est très peu touchée grâce à la généralisation de la distribution de l’eau potable. En 1885, en Espagne, un vaccin est mis au point, il sera amélioré en 1892 par l’Institut Pasteur.

Lors de la sixième pandémie (1899-1923) seules l’Asie et l’Europe orientale sont touchées avec quelques incursions en Afrique du Nord, très certainement grâce à la mise en place des contrôles sanitaires aux frontières. La verdunisation, ou désinfection de l’eau par le chlore, expérimenté à Verdun en 1916 est généralisé sur les théâtres d’opérations militaires.

La dernière pandémie (1961-1992) est atypique, elle ne démarre pas du Bengale, mais d’Indonésie, la bactérie qui en est la cause est un variant considéré au départ comme non pathogène, ce jusqu’en 1961. Cette pandémie est marquée par deux autres phénomènes, le premier est sa diffusion rapide due aux progrès de l’aviation et à l’existence des avions gros-porteurs ; le second est l’extrêmement faible diffusion en Europe et en Amérique du Nord.

Aujourd’hui le choléra a été éradiqué des pays qui ont mis en place une politique d’assainissement des agglomérations, notamment par les réseaux d’eaux potable et par l’épuration des eaux usées, mais il reste encore présent dans les pays qui n’ont pu le faire par manque de moyens. Cependant, il ne faut pas se croire à l’abri d’une nouvelle pandémie par l’apparition d’un variant très contagieux ; c’est ce qu’on aurait pu vivre en 1992 avec un nouveau virus cholérique apparu au Bengladesh et qui s’est diffusé à la Thaïlande, à la Malaisie et au Pakistan.

3 - La variole

Connu depuis longtemps, la variole est la seule maladie épidémique qui a été éradiquée grâce à la vaccination. Cette maladie a mis du temps à devenir véritable pandémie. Née en Asie, sans doute en Inde, elle s’est répandue en occident par les migrations, celles des arabes au VIIème siècle puis celles des croisés à partir du XIème siècle, et en Amérique au XVIème et au XVIIème siècles où elle est responsable de la disparition de plus de la moitié de la population aborigène. C’est au XVIIIème siècle que la variole est devenue mondiale en arrivant en Australie, c’est aussi à cette époque que l’anglais Edward Jenner découvre que les vachers n’étaient jamais atteints par la maladie, il en conclu que le contact avec les vaches porteuse d’une maladie éruptive, la vaccine, les protégeaient de la variole ; en 1796, la vaccination allait remplacer la variolisation aléatoire. Il faudra cependant attendre la deuxième moitié du XXème siècle pour voir une éradication mondiale qui fut certifiée par l’Assemblée mondiale de la Santé en mai 1980.

Aujourd’hui on peut se demander si l’on est définitivement à l’abri de cette maladie, en effet, en 2003 une épidémie de variole du singe s’est transmise à l’humain touchant 72 personnes aux Etats-Unis.

4 - Le typhus

Le microbe du typhus est transmis à l’homme par le pou du corps. Quand l’homme se gratte il permet aux déjections du pou, et donc aux microbes, de pénétrer la peau ainsi écorchée ; il peut également se transmettre, par le toucher, aux muqueuses, particulièrement les conjonctives de l’œil. Le typhus a été longtemps présent en Europe orientale, au Moyen-Orient et en Afrique du Nord. Il se diffusait l’hiver lors de concentrations humaines où l’hygiène laissait à désirer, comme dans les camps de prisonniers, ou pendant les conflits. Les premières épidémies supposées dates du IIIème siècle (la peste de Cyprien semble être la 1ère connue en 251).

À partir du XVIème siècle, les épidémies sont liées aux guerres, sièges et retraites au cours desquelles l’hygiène laisse à désirer, c’est ainsi que les noms donnés au typhus sont liés à la guerre : peste de guerre, fièvre des armée, typhus des camps… La première épidémie dont on est certain qu’il s’agisse du typhus, date de 1489 et a lieu au siège de Grenade où elle fit 17 000 morts dans l’armée des rois catholiques Ferdinand d’Aragon et Isabelle de Castille. À Naples en 1528, l’armée Française voit périr 30 000 hommes. À la même époque, l’armée de Charles Quint fut plusieurs fois touchée et les Conquistador l’importèrent en Amérique où la maladie fit des ravages. Aux XVIIIème et XIXème siècles, toutes les campagnes militaires furent l’occasion de nouvelles apparitions du typhus, particulièrement dans les armées de Napoléon.

Après 1820, les épidémies restent cantonnées en Europe Orientale où elles font des ravages, en particulier à l’occasion de la guerre de Crimée (1854 et 1855) où le retour des troupes françaises et anglaises fut l’occasion de propager l’épidémie autour du bassin Méditerranéen (Constantinople, Gallipoli, Marseille, Toulon).

Pendant la grande Guerre, le typhus ravage le front oriental, en commençant en 1914 par l’armée autrichienne, puis se répandit dans la population serbe ; en 1916 il passe à la Roumanie qui entre en guerre cette année-là, avant de s’étendre à la Moldavie, à la Pologne, à l’Autriche et à l’Allemagne. En 1917 l’épidémie est à son apogée et elle atteint la Russie en pleine révolution où Lénine déclare le pou « ennemi du communisme ». Entre 1919 et 1922 c’est 5 millions de cas qui sont officiellement reconnus (on estime que l’ampleur aurait été 3 à 4 fois supérieure).

La Seconde Guerre mondiale n’échappe pas au typhus ; de nombreux pays sont touchés Égypte, Iran, Italie, Japon et Corée. En 1941-1942, on estime à 100 000 les victimes du typhus dans le ghetto de Varsovie, on estime qu’il était la première cause de mortalité dans les camps de Dachau, Buchenwald et Bergen-Belsen où à la libération il sévissait encore intensément. À Auschwitz des essais thérapeutiques ont été effectués sur des prisonniers malades du typhus, dans le but de trouver un vaccin pour la protection des soldats allemands très touchés au cours de l’invasion de l’URSS à partir de 1941 par de nombreux morts. Au cours de la guerre le DDT fut utilisé massivement pour la première fois pendant l’hiver 43-44 contre les poux.

C’est Charles Nicole qui découvre le mode de propagation par le pou en 1909, ses travaux furent précisés par son élève Georges Blanc en 1942, il découvre que l’infection se fait par le dépôt des déjections de pou et le grattage. Le premier vaccin fut mis au point par le biologiste polonais Rudolf Weig en 1930.

Depuis la guerre les grandes épidémies ont disparu, le typhus reste cependant résiduel particulièrement dans les lieux de conflits ou dans des communautés marginales.

5 - La fièvre jaune

La fièvre jaune aurait été présente en Amérique dès le XIème siècle, mais les premières épidémies précisément identifiées le sont dans le golfe du Bénin en 1520, puis dans les Caraïbes  n 1635. Ces épidémies touchent les zones intertropicales essentiellement d’Amérique et d’Afrique.

Aux XVIIIème et au XIXème siècles, c’est le sud de l’Europe qui est touché : l’Espagne (Cadix voit 100 000 morts entre 1730 et 1830), le Portugal, la France et l’Italie. En Amérique, au XIXème siècle, les épidémies furent très violentes : en 1853, La Nouvelle Orléans voit 1/3 de sa population affectée et près de 10% de morts. En 1778, en Afrique, l’épidémie est à l’origine d’une cessation de combat entre les troupes française et britannique qui sont touchées au cours de la bataille pour l’île de Goa. En Afrique encore, la fièvre jaune fut un obstacle à la colonisation ; en Afrique et en Amérique elle en fut également un aux entreprises de développement particulièrement pour les travaux de percement du canal de Panama. Il faut attendre la fin du XIXème siècle pour que l’on trouve son mode de transmission par les moustiques, ce qui permis, en 1905, de reprendre les travaux de percement du canal de Panama interrompus par la fièvre. De nouveaux progrès eurent lieu entre 1920 et 1934 en Afrique où un vaccin fut testé à Dakar.

De nos jours, la fièvre jaune est toujours présente sur son aire géographique d’origine où elle reprend dès que les programmes de vaccination s’atténuent.

6 - La grippe

C’est surtout la grippe dite espagnole (1918-1919) qui est évoqué à cause de son ampleur de deux cents millions de contaminés et vingt millions de morts (certains évoquent même le double), même si dans l’histoire, elle est occultée par la Grande Guerre dont le bilan est pourtant moindre (huit millions de morts et dix millions d’invalides).

En réalité, la grippe c’est de l’histoire ancienne, Hippocrate lui-même aurait décrit une épidémie en 412 avant Jésus-Christ. Depuis le XIIème siècle des épidémies ont lieu dont certaine peuvent être qualifiées de pandémiques. En 1580, une épidémie venue d’Asie mineure atteint l’Espagne et l’Italie. Au XVIIIème siècle l’Europe est touchée régulièrement environ tous les 15 ans. Au XIXème siècle deux pandémies touche l’Europe en 1830-1832 et en 1889-1890 venues de la région de Canton en Chine. Le XXème siècle est touché à trois reprise par des pandémie de grippe, la « grippe espagnole », la « grippe asiatique » de 1957-1958 et la « grippe de Hong Kong » de 1968-1969. Depuis cette dernière, la grippe s’est maintenue dans le monde sous forme d’épidémies hivernales ; certaines sont mieux identifiées que d’autres comme la « grippe aviaire ou la pandémie de H1N1 qui a atteint entre un et deux milliards de personnes dans 213 pays ou territoires avec une mortalité entre 150 000 et 250 000 morts.

7 – Maladies sexuelles

Des maladies épidémiques originaires de l’occident.

 7.1 – La syphilis ou vérole

À la Renaissance l’apparition soudaine de la syphilis fait croire qu’elle avait été ramenée d’Amérique par les conquistadors. Il faut attendre 1990 pour que cette croyance soit mise en doute par la découverte de traces de syphilis sur des ossements antérieurs à 1793. Il semble bien que pendant des années cette maladie ait été confondue avec d’autres maladies comme la lèpre. Une autre hypothèse en fixe l’origine en Afrique d’où elle aurait été ramenée par les Portugais.

Comme le typhus, la syphilis est une maladie des armées, reconnu par ces dernières comme celle de l’ennemi : Pour les Français c’est la maladie de Naples, pour les Italiens et les espagnols, c’est le mal français, pour les Portugais et les Hollandais, c’est le mal espagnol, pour les Écossais le mal anglais, pour les Polonais le mal allemand et pour les Russes le mal polonais.

En 1493, date du retour de Christophe Colomb, elle est en Espagne, en 1794 à Naples où les Français la contracte ou l’apporte à travers leurs mercenaires espagnols. Les troupes de retour en France l’apportent et la dissémine à Lyon en 1495, puis à Paris. Finalement c’est toute l’Europe qui est contaminée avant qu’elle se répande en Afrique, dans le Proche-Orient et jusqu’en Inde par les Portugais, puis de là en Chine et au Japon. En moins d’un siècle le monde est envahi.

La contagiosité sexuelle apparaît assez vite et la maladie dénoncée par l’Église devient déshonorante. Parmi les nombreuses victimes on compte aussi des gens d’Église, un pape (Alexandre III), quelques cardinaux et de nombreux évêques qui furent sans doute à l’origine de la rumeur perturbatrice selon laquelle la contamination pouvait aussi se faire par l’air ou par l’eau ! L’année 1564 est marquée par une invention par Gabriel Fallope, celle du préservatif, « un fourreau d’étoffe légère fait sur mesure pour protéger des maladies vénériennes », mais, malgré des résultats prometteurs sur 1 100 Napolitains, elle resta méconnue. L’Église pu faire prévaloir sa méthode : l’abstinence.

La baisse de la syphilis au XVIIème et au XVIIIème siècles fait croire à sa disparition imminente, mais elle réapparaît au XIXème siècle où elle touche de nombreuses célébrités parmi lesquelles on compte Alfred de Musset, Alphonse Daudet, Nietzsche, Charles Baudelaire, Guy de Maupassant, Gustave Flaubert et Frantz Schubert. Pendant longtemps on traite la maladie par les métaux, c’est l’or par friction à l’origine, puis le mercure par voie buccale, des sels dont le calomel par injection, le bois de gaïac associé à 40 jours de jeûne et à des purgations. Il faut attendre 1905, puis 1939 pour voir la découverte de différents agents bactériens pathogènes. Alors que les traitements s’améliorent à partir de 1905, c’est grâce à l’utilisation de la pénicilline, en 1945, que la maladie connaît une régression importante au point de quasiment disparaître dans sa forme la plus grave.

Enfin, c’est une autre maladie, le sida, qui fit quasiment disparaître la syphilis grâce aux campagnes de prévention et à l’utilisation généralisé du préservatif dans les années 1980-1990. Depuis 2005, avec le relâchement des campagnes de prévention et la baisse des ventes de préservatifs, on constate une réapparition (12 millions de nouveau cas par an, en France 4 à 5 mille en 2015).

7.2 – Le SIDA

Le sida est une épidémie contemporaine. La maladie apparaît aux Etats-Unis en 1981 avec cinq patients homosexuels à Atlanta qui présentent une déficience en lymphocytes qui diminue leur défense contre les infections alors qu’il ne présentait aucune cause d’immunodépression pathologique ; cette découverte fut suivie d’autre toujours dans le milieu de jeunes homosexuels, ce qui fait penser à un lien entre la maladie et ce milieu. Fin août 1981, le nombre de cas détecté dépasse la centaine avec 50% de décès. Quelques semaines plus tard le nombre de contaminé dépasse 200 sur trois foyers : New York, San Francisco et los Angeles ; courant 1982 ce sont 15 États américains qui sont touchés. Les quelques cas constatés dans les capitales européennes sont tous en lien avec le milieu homosexuel américain ; fin 1981, 36 cas recensés en Europe, 17 en France, 6 en Belgique, 5 en Suisse, 3 au Danemark, 2 au royaume Uni, 2 en Allemagne et 1 en Espagne.

Au début de 1982 à Miami des cas de maladie sont constatés chez plusieurs habitants non homosexuels ni drogués mais tous d’origine haïtienne, ce constat est également fait à New York et au Canada ; informés les médecins haïtiens confirment la présence de la maladie sur l’île majoritairement chez les homosexuels et les drogués.

À partir de janvier 1983, les recherches s’intensifient avec Robert Gallo à l’Université du Maryland et à l’Institut Pasteur avec Luc Montagnier, Françoise Barré-Fitoussi et Jean-Claude Chermann. La découverte du VIH (Virus de l’Immunodéficience Humaine ) en 1986 semble être conjointe et donne lieu à une controverse politique résolue par un accord diplomatique entre la France et les Etats-Unis, signé en 1987, pour le partage des droits d’exploitation d’un test.

Les 10 années qui suivent l’apparition du sida connaissent une extension foudroyante de la maladie en Amérique du Nord et en Europe Occidentale. En 2020, près de 40 ans plus tard, le vaccin contre le VIH n’est toujours pas au point. Des polémiques naissent alors à propos de l’utilisation du préservatif et de la seule prophylaxie possible pour l’Église qui est l’abstinence. Le sida a alors un rôle majeur sur l’évolution des mentalités avec notamment l’apparition des campagnes de prévention, de la publicité pour le préservatif et du décret pour la vente libre des seringues et des aiguilles dans les pharmacies. Il est également à l’origine du scandale du sang contaminé qui coûta la vie de plusieurs dizaines d’hémophiles et abouti à des peines de prison pour les Docteurs Michel Garetta, Jean-Pierre Allain, Jacques Roux et à la poursuite devant la Cour de Justice de la République de ministres : Laurent Fabius (1er ministre) et Georgina Dufoix (ministre des affaires sociales) qui furent relaxés, et Edmond Hervé (secrétaire d’État à la santé) condamné mais dispensé de peine.

C’est dans les années 1990 que l’épidémie devient pandémie, touchant tous les continents. Le pic des décès atteint en 2004 a été réduit considérablement (plus de 60% en 2019) grâce à la trithérapie. Mais après 40 ans la maladie est toujours active, fin 2019 on estime que 32,7 millions de personnes sont décédées de maladies liées au sida et que 80 millions de personnes ont été infectées par le VIH. Au cours de l’année 2019 ce sont plus de 690 000 personnes dont la mort a été provoquée par le sida, la même année il y a eu plus de 1,7 millions de nouvelles infections.

Le développement d’un vaccin est encore loin d’être découvert. Actuellement, l’espoir est mis dans la découverte de molécules permettant de prévenir l’infection et dans la mise au point d’une trithérapie hebdomadaire ou mensuelle à la place de la journalière.

8 – Épidémies émergentes

8.1 – Les fièvres hémorragiques virales

Ce sont des infections causées par des virus de différentes familles. Il s’agit, en général, de virus animaux transmis à l’Homme par contact avec un animal réservoir ou par l’intermédiaire d’un vecteur (tique ou moustique).

  • La maladie de Marburg qui apparaît en 1967 en Allemagne chez trois employés d’une société pharmaceutique en contact avec des singes venus de l’Ouganda. D’autres cas sont constatés dans le reste de l’Allemagne, en Yougoslavie ; au total 31 cas dont sept sont mortels. Par la suite la maladie est signalée en Afrique du Sud en 1975 et au Kenya en 1980 ; plus tard elle réapparait au Congo (1998-2000), en Angola (368 cas dont 223 mortels en 2005) et en Ouganda entre 2007 et 2014.
  • La fièvre de Lassa apparaît au Nigéria en 1969 et est exporté au Etats-Unis ; cette année-là elle infecte cinq personnes et fait trois morts. En 1970, 23 cas se déclarèrent faisant 13 morts. En 1972, elle apparaît au Libéria et en Sierra Leone. L’épidémie se renouvelle au Nigéria entre 974 et 1977 et au Bénin en 1978.de nos jours celle maladie est endémique en Afrique de l’Ouest (Benin, Ghana, Guinée, Mali, Nigéria et Sierra Leone), le nombre de cas annuel est estimé à 150 000 avec 5 000 morts.
  • La fièvre Ebola se manifeste ne 1976 au Soudan et au Zaïre (République Démocratique du Congo actuelle) ; hospitalisés, les malades transmettent le virus aux autres malades et une panique entraine la fuite des cas contacts qui disséminent le virus dans ces pays faisant 500 contaminés dont 400 morts. Des cas isolés apparaissent ensuite en RDC (1977), au Soudan (1979) et au Kenya (1980). D’autres épidémies ont également été constatées en Ouganda (2000), au Gabon (2002), au Soudan (2004) en en RDC (2002, 2003 et 2005). En 2014, elle apparaît en Afrique centrale et de l’ouest atteignant 28 000 personnes et faisant 11 000 morts. En 2018 elle est à nouveau en RDC avec 3 400 cas et 2 250 morts ; au cours de cette épidémie, un vaccin est injecté à 200 000 personnes. Depuis février 2020 la maladie n’est pas réapparue. 
  • Autres fièvres hémorragiques. Sur le continent américain la fièvre Arenaviriadae en Argentine (virus Junin), en Bolivie (virus Machupo et Chapare), au Brésil (virus Sabia) et au Venezuela (virus Guanarito). En Asie la fièvre d’Omsk, en Sibérie (filovirus des tiques à partir du rat musqué) et le virus Nipah en Malaisie et à Singapour (virus des chauves-souris). Au Congo et en Crimée (bunyavirus des tiques). La liste est longue et touche également toute l’Amérique.

8.2 – La Dengue

Maladie connue depuis le XVIIIème siècle dont la transmission par un moustique n’est trouvée qu’au XXème siècle. En général bénigne (fièvres, douleurs articulaire, éruption), elle peut cependant entrainer la mort dans sa forme hémorragique. Existant sous quatre formes, elle peut être contractée quatre fois. Le moustique transmet à l’homme le virus du singe en milieu rural, en milieu urbain, ce dernier se transmet d’homme à homme. Longtemps limité à l’Inde et à l’Indonésie où elle est connue depuis 1778, elle s’est répandue en chine et en Thaïlande et, au XIXème siècle, à toutes les autres régions intertropicales avant de s’étendre aux zones tempérées, particulièrement d’Europe (Espagne, France et Italie). Au cours du XXème siècle des épisodes épidémiques se succèdent en Méditerranée orientale (en particulier en Grèce en 1927-1928 avec un million de cas et 1 000 morts).

Depuis 1960, elle se développe dans les zones intertropicales et, épisodiquement dans les régions tempérées (France et Croatie en 2010, Madère en 2012). En 2019, l’OMS signale 4,2 millions de cas pour 129 pays avec 25 000 cas graves et 4 000 décès. En France on constate une augmentation ces dernières années : 189 cas en 2018 et 657 en 2019.

Un vaccin a été mis au point par Sanofi-Pasteur mais il est réservé aux personnes ayant déjà été infecté par un virus de dengue.

8.3 – Les infections émergentes non hémorragiques

-La légionellose apparaît aux Etats-Unis en 1976 où elle infecte 260 personnes et fait 26 morts. Elle n’est identifiée qu’en 1978. On la détecte ensuite en Europe et en Australie. Une des plus sévère a touché les Pays-Bas en 1999 avec 200 infections et 21 décès. Elle est issue d’une bactérie présente dans le sol et dans les eaux douces ; elle est résistante au traitement des eaux et se développe entre 25° et 42°. La maladie touche surtout les sujets atteints d’immunodépression ou d’affections pulmonaires. En France la surveillance a permis de détecter entre 1 200 et 1 500 cas par an et jusqu’à 2 113 en 2018.

- la fièvre du virus du Nil occidental a été isolé pour la première fois en Ouganda en 1937 et retrouvé en Égypte en 1950 chez l’Homme, des oiseaux et des moustiques. La diffusion peut se faire aux zones tempérées par les oiseaux. Le virus peut également atteindre les chevaux et d’autres espèces de mammifères. En Afrique du sud une épidémie a touché plus de 3000 personnes en 1974 et plus de 500 en Roumanie en 1996-1997. En 1999 une épidémie survient à New York et s’étend très rapidement à tous les Etats-Unis ; en 2002 elle fait 4 156 cas et 284 décès, 9 862 cas et 264 décès en 2003 dans 46 États.

8.4 – Autres zoonoses virales

- L’encéphalite japonaise, virus des chauves-souris, apparaît dans les années 1990 provoquant des maladies respiratoires et neurologiques, en Australie le virus Henda et le virus Nipah en Malaisie.

- Le chikungunya isolé une première fois en 1952 en Tanzanie, réapparait en 2005 dans l’Océan Indien. Le virus se transmet par le moustique. Son aire d’origine est l’Afrique subsaharienne et l’Asie du Sud-est. En Afrique il est forestier et se transmet au singe alors qu’en Asie, plus récent, il est urbain et se transmet par des Aedes, moustiques domestiques. En juillet 2004, le virus apparaît aux Comores puis se diffuse dans l’Océan Indien, touche Madagascar, les îles Mascareignes et les Seychelles. La Réunion est touchée en mars 2005, le pic épidémique a été atteint en février 2006 et s’est éteint en avril 2007 ; au total, sur les 750 000 habitants de l’île   266 000 personnes ont été atteintes et il y a eu 250 décès. Le Gabon a été particulièrement touché en 2007.

- La pandémie de chikungunya commence en 2013 à Saint Martin et se diffuse en Guadeloupe et en Martinique (180 000 cas dans les Antilles françaises) puis se propage à toutes les Caraïbes de 2013 à 2015 et au continent américain atteignant un million de personnes sur 23 pays entre 2014 et 2017. Il gagne ensuite la Polynésie (70 000 cas à Tahiti en 2014-2015) et au reste de l’Océanie. En 2020, 8 000 cas viennent d’être signalés au Tchad.

- La situation du chikungunya en Europe. Il est présent en Italie du Nord en 2007, atteignant 250 personnes, puis en 2017 avec 428 cas. En France 4 cas en 2014 à Montpellier et de nouveau 17 cas en 2017.

- Le virus Zika a été détecté une première fois chez le singe en Ouganda en 1947, puis chez le moustique en 1948. Des épidémies ont été signalées en Afrique subsaharienne et en Asie dans les années 1970. Par la suite on le voit en Océanie en 2007 et en 2013-2014, sur le continent américain en 2015, La France a connu 15 cas en 2017. La maladie est le plus souvent asymptomatique (70 à 80% des cas) elle s’exprime par de la fatigue, de la fièvre, des maux de tête et des douleurs articulaires ; elle se complique rarement, il est cependant à noter qu’elle peut entrainer des anomalies de développement du fœtus quand elle atteint une femme enceinte.

9 – Le Covid-19

Le 31 décembre 2019, la Chine informe l’OMS de la présence de plusieurs cas de pneumonies atypiques à Wuhan, le premier cas aurait été constaté le 17 novembre. On note que dès octobre huit médecins avaient diagnostiqué la maladie, ils sont arrêtés le 1er janvier et accusés de diffuser de fausses informations ; l’un d’entre eux décédera du Covid-19 ; ils ont tous été réhabilité, 10 jours plus tard, par la Cour populaire suprême chinoise.

À partir de là les autorités chinoises ont été transparentes. Dès le 22 janvier trois villes de la région du Hubei ont été mises en quarantaine, chose qui a évité la propagation dans le reste du pays. Cependant le virus se propage au reste du monde en quelques mois.

Dès le 11 janvier un labo de Shanghai identifie et séquence le nouveau coronavirus et le baptise 2019-nCoV et plus tard SARS-CoV-2. Il est estimé homologue du SRARS à 80% et à 96% du RaTG13 isolé en 2013 à partir d’une chauve-souris.

______________________________________________

Retour sur le SRAS et le MERS

1 - Le SRAS est une maladie respiratoire sévère apparue en février 2003 à Hong Kong, transmis au monde il s’est rapidement éteint grâce à des mesures drastiques.

a - L’épidémie :

Le 22 février un médecin du sud de la Chine se rend à Hong Kong à l’hôtel Métropole où il est hospitalisé pour une pneumonie sévère dont il meurt. Son beau-frère, plusieurs personnes du même hôtel ainsi que son voisin de chambre d’hôpital sont contaminés, ce dernier contamine à son tour des infirmières et d’autres malades. Les treize personnes de l’hôtel contaminées vont disséminer le virus dans le monde entier en prenant des vols internationaux pendant l’incubation de l’infection. Deux atterrissent à Toronto et entrainent 251 cas et 37 décès dans l’Ontario ; un autre est hospitalisé à Hanoï où il contamine 22 membres du personnel et génère l’épidémie au Vietnam (63 cas et 5 décès). Trois voyageurs atterrissent à Singapour déclenchant une épidémie de 206 cas. D’autres entraineront des épidémies sporadiques en Europe.

En réalité, l’épidémie durait depuis plusieurs mois dans le sud de la Chine où les autorités de Canton avaient signalé, en novembre 2002, des pneumonies inexpliquées et le gouvernement chinois avait refusé une enquête de l’OMS qui dû attendre que l’épidémie sorte de Chine pour lancer une alerte le 13 mars 2003 et que la Chine accepte alors l’aide des spécialistes internationaux le 2 avril.

Entre novembre 2002 et fin juin 2003, la pandémie du SRAS a contaminé 8 546 personnes dans 33 pays surtout en Asie (8 080 cas dont 771 morts). En dehors de l’Asie, c’est le Canada qui a été le plus touché ; quelques cas eurent lieu dans 11 pays d’Europe en France 437 cas suspects 4 furent confirmés avec un décès.

L’épidémie fut éradiquée en juin 2003 grâce à des mesures d’isolement des patients et des contacts et à la surveillance de la circulation du virus en Chine.

b – Le virus responsable

Au moment de son apparition le SRAS est complétement inconnu. La première réaction a été de penser à la grippe (des cas humains de grippe aviaire étaient présents à Hong Kong). Le 17 mars l’OMS met e place la recherche internationale : un réseau de cliniciens pour décrire la maladie, un autre d’épidémiologistes pour suivre la propagation et enfin un réseau de laboratoires pour la recherche de l’agent causal. L’agent responsable se révéla être un coronavirus inconnu chez l’homme ; le séquençage du génome fut obtenu par un laboratoire canadien le 12 avril.

À partir de là les labos chinois se mettent à la recherche du réservoir animal. En 2003 un virus est isolé chez les Civettes palmistes à masque vendues sur un marché de Shenzhen (province de Guandong), il présente une forte homologie avec l’agent du SRAS ; la Chine interdit la vente de l’animal et élimine les élevages. En 2005 des travaux démontre que la civette n’a été qu’un agent amplificateur, un parent proche du SRAS est identifié chez les chiroptères (chauves-souris).

c – Quelles leçons tirer de la pandémie du SRAS ?

La forte concentration d’espèces sauvages sur les marchés du S-E asiatique pour la consommation humaine qui représente un réservoir de virus inconnus. Le mécanisme d’émergence depuis un réservoir animal via une autre espèce. Le rôle important du transport aérien dans la diffusion du virus une fois passé à l’homme. L’importance de l’intérêt d’une gestion internationale. À noter que la disparition du SRAS a été si rapide que les deux vaccins développés n’ont pas pu être testé faute de patients. Les équipes de chercheurs ont été démantelées, ce qui est regrettable compte tenu de la survenue du Covid-19.

2 – le MERS

Il apparaît en 2012 en Arabie Saoudite. Le coronavirus responsable proche de celui des chauves-souris n’a pas encore été identifié avec certitude, l’agent transmetteur à l’Homme serait le dromadaire ; on suspecte également un autre animal d’avoir joué un rôle amplificateur. La transmission interhumaine semble peu importante, seulement 27 pays touchés en dix ans. Au total, en 2020, on compte 2 553 cas dont 80% en Arabie saoudite (2 cas en France en 2013). Le taux de mortalité s’élève à 34%.

9.1 – Origine chinoise de la pandémie de Covid-19

En Chine l’épidémie touche la province de Hubei et quelques grandes villes du pays. La Chine a déclaré 101 000 cas dont 4 831 décès. Un plan national de lutte consistait en des campagnes de dépistage massif (10 millions de test à Wuhan, 11 millions à Pékin) avec des mesures de quarantaine des personnes infectées strictes et contrôlées (56 millions en Hubei), un confinement très surveillé des grandes villes (Wuhan, Pékin, Shanghai), l’annulation de toutes les manifestations populaires (entre autres les fêtes du nouvel an), interdiction des voyages, déploiement d’hôpitaux-abris temporaires pour les soins aux patients modérés (3 février-11 mars 2020). Le confinement de 56 millions de personnes dès le 22 janvier dans le cœur industriel de la 2ème économie mondiale n’a pas attiré l’attention des pays occidentaux sur la gravité de la crise et, a contrario, l’expérience du SRAS et surtout du MERS ont incité à l’optimisme.

Les chiffres donnés par la Chine ont été mis en doute par les responsables occidentaux. Sans entrer dans une polémique aujourd’hui incertaine, on peut dire que les mesures bien adaptées et rapidement prises ont joué un rôle, mais on peut supposer que les autorités sanitaires nationales n’ont pas été informées de l’ampleur précise de l’épidémie par les autorités locales par crainte des représailles. Le sort réservé, dans un premier temps, aux médecins lanceurs d’alerte incite à aller dans ce sens.[1]

9.2 –La diffusion mondiale

Le 13 janvier 2020 premier cas de Covid-19 signalé hors de Chine continentale, puis quelques cas sont exportés en Thaïlande, en Corée du Sud et au japon. Les pays voisins de la Chine (Vietnam, Corée du Sud, Singapour, Hong Kong et Taïwan) mettent en place immédiatement des mesures strictes : fermeture des frontières, dépistages systématiques des voyageurs, traçage des contacts. Les résultats ne se font pas attendre, dès mars les courbes de contamination s’aplatissent (Taïwan 900 cas et 9 morts, Vietnam 1 957 cas et 35 morts ; Thaïlande 22 600 cas et 79 morts, Corée du Sud 80 000 cas et 1 457 morts). C’est le résultat d’une préparation soigneuse pour faire face aux épidémies en termes de structure et de moyens de protection suite à l’expérience des épidémies de SRAS et de MERS et de l’habitude d’utiliser dès que nécessaire les moyens de protections individuels.

Au cours de l’année 2020 l’épidémie s’étend au reste du monde via les touristes Chinois (Paris 2 cas le 24 janvier, Rome 2 cas le 31) ou du retour de Chine des touristes ou travailleurs (Etats-Unis 1 cas le 21 janvier). La progression devient grave vers l’ouest particulièrement en Iran (1,4 millions de cas et 58 256 morts officiellement) où les autorités tardent à prendre des mesures et où le système de santé a été fragilisé par l’embargo US.

En Europe, à la fin de février tous les pays ont déclaré au moins un cas. L’Italie, premier pays massivement et brutalement atteint (2,9 millions de cas et 90 200 morts) confine plusieurs régions suivies par d’autres pays fortement atteints : Espagne (2,9 millions de cas et 60 800 décès), France (3,2 millions de cas et 77 000 décès, Allemagne 2,2 millions de cas et 60 600 décès), Royaume-Uni plus tardivement (3,8 millions de cas et 110 000 décès). Des pays moins atteints pratique des mesures plus légères de confinement partiel et limité (Norvège, Danemark, Suisse, Autriche).

En France, jusqu’au 27 février tous les cas étaient importés (chine, Italie, Égypte). Par la suite des foyers de contamination locale sont observés (Oise, Haute-Savoie, Morbihan). Rétrospectivement un patient infecté mi-décembre en région parisienne a été découvert. Fin février le virus se propage rapidement dans le grand-Est à partir d’un rassemblement religieux évangéliste de 2 000 à 2 500 personnes (Mulhouse 17 au 24 février), puis la diffusion passe aux autres régions et en outre-mer d’où sont originaires les participants. À partir de là le nombre de cas est en constante augmentation : de 1 000 cas et 2 morts le 29 février à 4 500 cas et 91 morts 15 jours après, entrainant la décision de limiter les rassemblements. L’accroissement du nombre de morts conduit à l’établissement, le 17 mars, du confinement total de la population à domicile pour deux mois afin de soulager les services de réanimation des hôpitaux. Le pic de l’épidémie se situe dans la deuxième quinzaine de mars (1 000 morts le 24 mars), le reflux est très progressif et le confinement levé progressivement le 11 mai. La circulation virale continue et le foyer d’infection persiste entrainant des mesures préventives ciblées. La reprise en septembre amène un nouveau confinement (partiel cependant) en octobre dont le pic se situe mi-novembre suivie d’une lente décroissance des cas et des décès. Au total 3,2 millions de cas et 770500 morts (92% de 65 ans et plus) et 10 à 15% de la population qui aurait été touchée par le virus.

Pour l’Europe, le confinement est levé en mai alors que le continent américain est de plus en plus impacté (ce dès avril) particulièrement les Etats-Unis avec 21,6 millions de cas et 452 000 décès (sans doute parce que le plus peuplé et parce qu’il réalise le plus de tests). Fin mai l’Amérique latine devient le foyer central avec le Brésil (9,3 millions de cas et 227 000 décès), la Colombie (2,1 millions de cas et 54 000 décès), le Mexique (1,8 million de cas et 161 200 décès), le Chili (740 000 cas et 18 700 décès) et l’Argentine (1,9 million de cas et 48 500 décès).

La situation de l’Afrique est particulière. Alors que l’on redoute une catastrophe à cause de la faiblesse des structures sanitaires et de l’insuffisance en eau, jusqu’en février 2021 les chiffres rapportés sont particulièrement faibles sauf en Afrique du Sud (1,5 million de cas et 9 500 morts) et l’Égypte (168 000 cas et 9 500 mors).

9.3 Analyse comparative

1 – Étude de nombre de cas confirmés rapporté à 1 million d’habitants.

1e groupe de pays ayant un taux de 10 à quelques centaines : S-E Asie et Pacifique Sud. Viet Nam 20    Taiwan 38 - Chine 69 - Thaïlande 331 - Nouvelle-Zélande 406 - Australie 1 131.

2e groupe de pays ayant plusieurs milliers de cas : Europe et Amérique

  •  Moins de 15 500

Norvège 11 775 - Mexique 14 735 - …

  • Plus de 30 000

France 49 349 - Pérou 35 335 - Chili 38 921 - Belgique 62025 - Espagne 62 313 - USA 79 812

Bien entendu, ce classement dépend du nombre de dépistages effectués, de leur fiabilité et de celle des données et d’hétérogénéité des diagnostics.

2 – Étude des chiffres cumulés de mortalité rapportés à 1 million d’habitants.

Cette étude est plus fiable pour une comparaison géopolitique.

1e groupe taux inférieur à 100 : Asie, Afrique, Océanie.

Taïwan et Viet Nam 0,3 - Thaïlande 1,13 - Chine 3,2  - Nouvelle-Zélande 5  -  Nigéria 8  -  Éthiopie 18  -  Corée 28  -  Australie 36  -  Sénégal 39  -  Kenya 33  -  Algérie 66  -  Mauritanie 90  -  Égypte 93  -  Inde 112.

2e groupe taux supérieur à 500, en général au-dessus de 1000 : Europe et Amérique Russie 519  - Colombie 676  -  Allemagne 723  -  Chili 934  -  Brésil 1 076  -  Argentine 1077  -  France 1188  -  Suède 1 190  -  Mexique 1 263  -  Pérou 1 266  -  Espagne 1 300  - Etats-Unis 1 366  -  Italie 1 492  -  Belgique 1834  -

Il est évident que les mesures précoces et massives prises en Chine lui ont permis de réussir à éradiquer l’épidémie en sept à huit mois. Les pays asiatiques ont limité la propagation grâce à des mesures de protection tout de suite adoptées (fermeture des frontières). Les pays insulaires d’Asie et d’Océanie ont été favorisés par leur situation géographique mais aussi par leur habitude à utiliser des protections physiques. En ce qui concerne l’Afrique les raisons sont moins évidentes, on peut penser à la jeunesse de sa population et à la mise en place d’une immunité collective due à une circulation soutenue de nombreux virus[2].

L’Europe et l’Amérique n’étaient pas préparés à une crise sanitaire majeure et ont donc manqué de tout (masques, soluté hydro alcoolique[3]) ce qui permet de faire barrière au virus. Elles ne se sont pas protégées par la fermeture des frontières et ont mis en place tardivement le dépistage, le suivi et l’isolement des personnes infectées.

9.3 – La mortalité cumulée et comparative

Pour avoir une réelle idée de l’impact réel il ne faut pas se contenter de considérer les chiffres de l’Oms, mais également considérer les chiffres de l’excès de mortalité. Si on considère les 11 semaines qui vont de début mars à la mi-mai 2020, on constate des excès de mortalité très différents pour les pays de l’OCDE : +60% pour l’Espagne, +50% pour le Royaume-Uni, + 42% en Italie, +40% en Belgique, +33% au Pays-Bas, +24% en Suède, +23% en France, +13% au Portugal mais seulement +5% en Allemagne. À l’automne (1er septembre-9 novembre) l’INSEE a encore relevé +13% par rapport aux mêmes périodes de 2018 et 2019. Il est également nécessaire de compléter ces données en utilisant d’autres caractères comme l’âge, le sexe ou le statut socio-économique. C’est ainsi qu’on a pu mettre en évidence le fait que la surmortalité est plus importante dans les catégories défavorisées de la population[4].

9.4 – La prise en charge de la maladie

Environ 50% des personnes infectés ne présente pas ou très peu de symptômes. Quand symptômes il y a, il s’agit d’atteintes des voies respiratoires supérieures (pertes nasales, mal de gorge, perte de l’odorat et/ou du goût) et de fièvre, de courbatures et de fatigue ; une atteinte pulmonaire peut apparaître avec de la toux. La pneumonie peut se compliquer de thrombo-embolie et un syndrome de détresse respiratoire aigu peut survenir ainsi qu’une défaillance multi-viscérale. Parmi les facteurs de risque on compte le grand âge et les maladies chroniques (obésité, hypertension et diabète).

En l’absence de traitement plusieurs antiviraux ont été utilisés, comme le lopinavir et le ritonavir (utilisés pour le sida), ainsi que d’autres produits ayant montré une certaine efficacité in vitro ou sur les animaux comme la chloroquine, l’hydroxy chloroquine, les interférons ou le vaccin BCG. Le remdevisir qui semblait accélérer la guérison mais s’est révélé sans effet sur les formes grave[5].

En l’absence de traitement efficace tous les gouvernements ont privilégié la piste du vaccin et ont fait des investissements considérables pour accélérer la recherche et le développement. Plus de 200 candidats vaccins ont été étudiés dans le monde. En juillet 2020 plus de dix essais cliniques étaient lancés. Parmi eux, trois catégories : les vaccins traditionnels à virus entier désactivés, la technologie de protéines recombinantes (inclusion de séquences du SARS-CoV-2 dans un autre virus) et les vaccins qui utilisent l’injection du code génétique du SARS-CoV-2 via l’ARN viral (les 2 derniers utilisent l’information génétique pour déclencher une réponse immunitaire). En septembre 2020 neuf vaccins étaient en phase III des essais. Le vaccin russe ayant reçu une approbation de mise sur le marché, avant de passer la phase III, celle-ci a été considéré comme une manœuvre de propagande par l’occident. En novembre 2020 les vaccins Moderna et Pfizer en phase III annonce une efficacité à 95% ; une autorisation de mise sur le marché est obtenue aux Etats-Unis et auprès de la Commission européenne. Fin décembre la vaccination commence. Au début de 2021, dans trois pays (Biélorussie, Corée du Nord et Turkménistan), les dictateurs en place nient encore l’existence de cas.

En février 2021, le bilan est de 104 millions de cas et plus de 2,3 millions de décès. Le virus circule toujours et plusieurs variants à haute transmissibilité apparaissent. Le taux de létalité réel (nombre de morts/nombre de sujets infectés) au niveau mondial est évalué par l’OMS entre 0,1 et 1% ; selon l’Institut pasteur, il serait en France de 0,7%. Le nombre de morts rapporté dans le monde fait du Covid-19 une pandémie d’intensité modéré qui ne peut être comparé aux pandémies majeures qui ont causé des hécatombes dans la population mondiale à certains moments de l’histoire. On est loin des millions de morts de la peste ou des grippes : 2,2 millions de morts sur 7,8 milliards d’habitants de la planète n’ont statistiquement que peu de poids[6].

9.5 – Les conséquences de la pandémie

L’aspect important de cette pandémie tient surtout dans le bouleversement de la géopolitique et de l’économie mondiale qu’elle génère. Les mesures prises par les gouvernements, en particulier le confinement sanitaire de la moitié de l’humanité, se sont soldées par une importante réduction de l’activité humaine, transformant une crise sanitaire, certes sérieuse, en une crise économique majeure.

L’arrêt total ou partiel de nombreuses entreprises, l’interruption des voyages, l’annulation des événements culturels, sportifs, politiques, ont entraîné un arrêt brutal de nombreux pans de l’économie. La chute des cours du pétrole en mars 2020, causée par le désaccord entre exportateurs, a été enrayé par des émissions de liquidités bancaires et des achats de titres engendrant une augmentation considérable de la dette publique. Le confinement a eu des effets environnementaux (baisse des émissions de CO2), mais aussi des conséquences psychiques sur la sociabilité, sur les modes de consommation et de travail.

En France, un impact a lieu sur les chaînes d’information en continu qui font preuve d’un véritable délire médiatico-politique auquel participent de nombreux prétendus spécialistes qui ne maitrisent pas toujours leur sujet. Ça a été l’occasion pour le grand public de se rendre compte que la connaissance scientifique et médicale était très loin de faire consensus, que des médecins pouvaient être très excessifs dans leurs réactions et surtout pas toujours de bonne foi[7].

À propos de l’hydroxy chloroquine, deux logiques se sont affrontées sur les écrans. Celle de l’urgence thérapeutique préconisant une molécule très peu chère et disponible, face à la rigueur scientifique refusant de prescrire un produit dont l’efficacité n’était pas démontrée par des essais.

9.6 – La faillite de la gouvernance mondiale de la santé

La 3ème pandémie de choléra avait donné lieu à la première conférence internationale de Paris en 1851. Ces conférences ont abouti, en 1948, à la création de l’OMS et du RSI (Règlement sanitaire international) en 1951.

La gestion de l’épidémie de covid-19 a buté sur les réalités politiques et économiques, en particulier l’opposition entre Washington et Pékin et l’influence des États-nations. Les réponses à la crise n’ont pas été concertées ; L’OMS a subi la pression de la Chine prenant ainsi du retard dans la déclaration d’une épidémie de portée internationale quand bien même certains pays avaient stoppé leurs échanges avec la Chine. Sa perte d’influence, commencée en 2014 avec Ebola, n’a fait que s’aggraver.

Le constat de l’absence d’une réponse multilatérale dans la gestion d’une crise sanitaire modérée augure mal de ce qui pourrait se passer en cas de crise majeure.

10 – Ce que nous disent les épidémies

10.1 – Ce que les épidémies disent sur l’Homme

a – L’incrédulité du début de l’épidémie

Les épidémies commencent très souvent par un déni de phénomène et sur l’incrédulité sur les façons de s’en protéger.

Par exemple, l’épidémie de choléra en France en 1832, est arrivée dans l’indifférence totale de la population. Les institutions spécialisées, elles-mêmes, eurent du mal à en mesurer la gravité. De même pendant la pandémie de grippe espagnole, en France, l’Académie Nationale de Médecine refusa pendant plusieurs mois de considérer l’épidémie comme dangereuse, retardant la prise de mesure et participant à la désorganisation. Pour le Covid-19 on a entendu parler de « simple grippette ».

Les mesures proposées sont également sous estimées, comme la variolisation qui s’est heurté à l’indifférence de la population et à l’opposition du clergé. Une opposition à la vaccination s’est manifestée lors de la grippe A/H1N1 en 2009[8].

b – La recherche de sens

Pendant des siècles certains ont attribué aux épidémies l’effet de la colère divine, particulièrement lors de la grande peste noire, dans l’apparition du choléra ou de la syphilis. En 1829 le pape Léon XII : « Quiconque pratique la vaccination cesse d’être un fils de Dieu : la variole est un châtiment voulu par Dieu, la vaccination est un défi au ciel ». Une théorie du péché qui n’a pas entièrement disparu, on l’a vue avec le sida, punition pour les homosexuels et les drogués.

Des explications faisant intervenir l’influence des astres ont été évoquées lors des premières épidémies de peste.

Les théories du complot plus récentes ont été utilisée par les pouvoirs en place. L’origine du sida attribuée par le KGB aux militaires américains dans les années 1980. Le complot américano-britannique attribué par Robert Mugabe lors du choléra au Zimbabwe dans le but de masque son incompétence. Pour le Covid-19 c’est une rumeur prétendant qu’un coronavirus aurait été relâché par négligence ou même intentionnellement à partir d’un laboratoire de Wuhan, rumeur relayée par des personnalités politiques importantes des Etats-Unis.

c - La recherche des boucs émissaires

Le gouvernement, accusé d’empoisonner les puits (2ème pandémie de choléra) ou d’une mauvaise gestion de la crise (Covid-19)[9]. Les médecins sont aussi des cibles : lors de la 2ème pandémie de choléra, les médecins de Paris ont été accusés de faire des expériences sur les pauvres. Certaines catégories de population sont accusées de propager les épidémies comme les immigrés et les Juifs ; pour ces derniers ils subirent des pogroms notamment durant la peste noire au Moyen-Âge ou en Pologne lors de la 2ème pandémie de choléra en 1831. Dès les premiers cas de sida en 1981 les homosexuels, les drogués, les Haïtiens, les pratiquant de la liberté sexuelle, furent stigmatisés et dénoncés ; on a même parlé de la création de « sidatorium » pour les enfermer.

d – résignation ou fuite ?

La résignation donne souvent lieu à des comportement de conjuration : Prières et processions pendant la peste noire, processions de flagellants, affiche de bénédiction de maison pendant la 2ème pandémie cholérique.

Le refus conduit à la fuite : pendant les épidémies de peste au Moyen-Âge, lors d’Ebola au Zaïre en 1976.

e – L’organisation de la réponse

La première réponse sociale connu est celle de la République de Raguse en 1377 par la mise en quarantaine des voyageurs. À la fin du XIVème siècle, Venise confit à un bureau de santé de la peste le soin de gérer les arrivants, au XVème siècle des villes françaises font de même avec un capitaine de santé. Au XVIème siècle, s’isolement des pesteux dans leur maison se répand, on va même jusqu’à murer portes et fenêtre en attendant la mort des habitants ; on isolait également les quartiers, les villes voire les provinces. L’utilisation de la quarantaine dans les lazarets lors de la peste de Marseille en 1720, fut ensuite utilisée pour le choléra avec une efficacité limité.

En 1851 est créée la première Conférence sanitaire internationale, visant à décider de règlements internationaux des quarantaines. Il fallut 12 conférences pour aboutir à la création du Comité de santé de la SDN en 1922, puis de l’OMS en 1948 et, en 1951, du RSI.

Les restrictions de déplacement, la mise ne quarantaine des arrivants, l’interdiction des rassemblements (foires le plus souvent) étaient des mesures anciennes. Le confinement de la population d’un pays entier avec le Covid-19 a été une innovation[10]. La Chine en a donné l’exemple en confinant 56 millions d’habitants en février 2020[11].

10.2 – Ce que les épidémies disent sur elles-mêmes

a – L’épidémie comme consubstantialité du vivant

Si deux espèces vivantes existent, l’une peut contaminer l’autre. L’évolution spontanée des épidémies dépend de la proportion des sujets atteints. Quand la proportion de population atteinte, et donc résistante, s’élève la circulation du microbe ralentie puis s’éteint. Dans le cas d’une épidémie modérée, celle-ci peut se maintenir indéfiniment, le problème se pose alors de son éradication artificielle.

b – l’épidémie comme reflet d’un comportement humain

Les migrations humaines, les grands pèlerinages, les grands événements de toute nature (sportifs, politique, guerres, etc.), le tourisme, sont une opportunité pour les épidémies qui peuvent ainsi se transformer en pandémie. L’implantation des lignes aériennes peut entrainer le transport de vecteur de virus comme dans le cas de la ligne Sénégal Brésil en 1930 qui a entrainé l’introduction d’un moustique au Brésil, vecteur majeur du paludisme. De même l’importation de rats de Gambie aux Etats-Unis en 2003 a entrainé la variole

Les comportements alimentaires sont souvent à l’origine de l’humanisation d’une zoonose, comme ce fut le cas pour le SRAS ou pour Ebola.

c – L’épidémie comme révélateur des inégalités

Les maladies tropicales sont en réalité des maladies de la pauvreté. les conditions sanitaires défavorables favorise la transmission des maladies que le manque de médicament ne permet pas de guérir. Dans ces pays des maladies peuvent même passer inaperçu et sont révélé par leur introduction dans les pays développés.

 

[1] Pour comprendre le fonctionnement de la Chine profonde, je conseille la lecture de deux romans de Mo Yan, prix Nobel de littérature : Beaux seins, belles fesses, 2001 et Grenouille, 2009. Le premier aux Éditions du seuil en 2004, 895 pages dans la version poche, le deuxième par le même éditeur en 2011, 526 dans la version poche.

Note de JCHX.

[2] L’auteur n’évoque pas une raison mise en avant par Didier Raoult, pourtant grand connaisseur de l’Afrique, qui est la prise généralisée et régulière d’hydrox chloroquine.

Note JCHX

[3] On peut ajouter les tests, les lits d’hôpitaux… voire même le manque de soins…

Note JCHX

[4] Ceci serait à comparer avec l’impact sur d’autres maladies. Il est plus que raisonnable de penser que l’impact serait le même !

Note JCHX

[5] En réalité, il a été non seulement déclaré d’un faible intérêt par la Haute autorité de santé, mais jugé dangereux et responsable de lésions sur les reins. Depuis, des recherches de IHU Méditerranée semble démontrer sa responsabilité dans la création de variants.

Note JCHX

[6] Ceci sans considérer que, par le passé, la moyenne de l’âge de la population était beaucoup moins élevée que celle d’aujourd’hui (particulièrement dans les pays les plus touchés).

Note JCHX

[7] L’auteur fait là, sans doute allusion aux conflits d’intérêt qui ont été très présent dans les médias télévisuels particulièrement dans le conflit qui a opposé le plaquenil (hydroxy chloroquine) et le remdivisir. Certains médecins tellement engagés pour la défense d’un produit commercial (et non générique) qu’ils semblaient faire de la publicité pour un laboratoire. À noter que très peu de médecins intervenant dans les médias faisaient allusions à leur lien d’intérêt et encore moins à leurs conflits d’intérêt.

Note JCHX

[8] On peut également citer l’opposition à l’utilisation du préservatif ou à la vente libre des seringues dans les pharmacies pour la lutte contre le sida.

Note JCHX

[9] Sur ce sujet, lire les deux ouvrages de Christian Perronne : Y a-t-il une erreur qu’ils n’ont pas commise ? -Albin Michel, 2020 et Décidément, ils n’ont toujours rien compris ! Albin Michel, 2021. À ma connaissance, ces ouvrages bien documentés par des références très précise, n’ont toujours pas fait l’objet de poursuite.

Note JCHX

[10] Plus précisément la généralisation d’une mesure ancienne !

Note JCHX

[11] La Chine n’a pas confiné tout le pays mais seulement une province, même si, au regard du nombre d’habitant celle-ci pouvait sembler être un pays aux yeux des autres États.

Note JCHX